Alors que la chaleur de l’été s’étire, les haïkus d’hiver nous donnent l’occasion de penser aux jours froids et à tous les plaisirs de l’hiver. Le thé chaud. Le chocolat chaud. Les couvertures. Cette collection de haïkus comprend Basho, Buson, Issa, et quelques autres. C’est loin d’être exhaustif.
Le haïku est un style de poésie qui nécessite un langage simple et une référence à la saison. Il suit une règle de 5-7-5 syllabes avec les 3 lignes rarement rimées. La plupart des haïkus cherchent à suggérer un moment dans le temps ainsi qu’un sentiment. Il est tentant de trop lire dans un haïku. Basho nous avertit de « préférer le bouillon de légumes à la soupe de canard ». C’est-à-dire de préférer le sens littéral, simple, plutôt que de chercher quelque chose de compliqué.
À travers leurs haïkus, on a une idée de la personnalité de chaque auteur. Le travail de Basho a une sensation de mélancolie semblable au concept ultérieur de wabi-sabi. Buson se sent observateur et plus équilibré tandis que Issa vous fait sourire.
Le haïku se concentre sur de nombreux sujets différents. Les jisei, par exemple, sont des poèmes écrits avant la mort de quelqu’un. La petitesse du haïku dément le mélange d’images et de sentiments que ses quelques mots suggèrent. Il est tentant de lire les haïkus, mais il est préférable de s’arrêter sur chaque poème et de le savourer. Imaginez l’image que les mots peignent et ce qu’ils suggèrent. Regardons ce poème de Buson comme exemple:
Un cheval attaché;
De la neige
Dans les deux étriers.
Je vois une neige froide et humide. Le cheval attend son maître depuis un certain temps. Que fait son maître ? J’imagine le cheval devant un ryokan, une auberge. Son maître déguste un potage chaud avec les fermiers locaux, qui sont impatients d’avoir des nouvelles de leur village bloqué par la neige. Je ressens à la fois la solitude et la camaraderie dans ce moment fugace. Que voyez-vous dans ce poème de 6 mots ?
En lisant ces poèmes, prenez un moment pour remarquer les images que vous voyez et les sentiments que vous éprouvez.
Haïku d’hiver écrit par Basho
Allons, allons
voir la neige
jusqu’à ce que nous soyons enterrés.
Se réveiller la nuit-
Le son du pot d’eau
Craquant dans le froid.
Le soleil d’hiver-
Sur le dos du cheval
Mon ombre gelée.
Première pluie d’hiver-
Même le singe
Semble vouloir un imperméable.
Pluie d’hiver-
Les chaumes des champs
Ont noirci.
Première neige
Tombant
Sur le pont à moitié terminé.
Sur l’étable
Une dure pluie d’hiver;
Le chant du coq.
La tempête d’hiver
Cache le bosquet de bambous
Et s’apaise.
Solitude hivernale-
Dans un monde d’une seule couleur
Le son du vent.
Se réveiller la nuit,
La lampe basse,
L’huile gelée.
Quand les chrysanthèmes d’hiver s’en vont,
Il n’y a rien à écrire
Sauf des radis.
La chatte-
Devenue mince
De l’amour et de l’orge.
Jardin d’hiver,
La lune amincie à un fil,
Les insectes chantent.
Le vent d’hiver-
Passe un homme
Avec un visage tuméfié.
Les poireaux d’hiver
ont été lavés à blanc –
Comme il fait froid!
Toutes ces sottises
A propos de lunes et de fleurs
Piquées par l’aiguille du froid.
En vie
et gelées en un seul morceau-
Les limaces de mer.
Haïku d’hiver écrit par Buson
Souffle d’une hache,
Senteur de pin,
Les bois d’hiver.
Le son d’une scie;
Des gens pauvres,
Nuit d’hiver.
En rentrant à la maison,
Le cheval trébuche
Dans le vent d’hiver.
Sabot à moitié coulé
Dans un vieil étang
Dans la neige glacée.
Couvrir ma tête
ou mes pieds ?
La couette d’hiver.
Un cheval attaché ;
La neige
Dans les deux étriers.
Des fleurs offertes au Bouddha
Viennent flotter
Dans la rivière d’hiver.
Des kilomètres de givre –
Sur le lac
La lune est à moi.
Haïku d’hiver écrit par Issa
La neige fond
Et le village est inondé
d’enfants.
Janvier-
Dans d’autres provinces
Des prunes fleurissent.
J’ai fait la sieste la moitié de la journée ;
Personne ne m’a
punie!
Du bout du nez
du Bouddha sur la lande
Pendent des glaçons.
Écrire de la merde sur la nouvelle neige
Pour les riches
Ce n’est pas de l’art.
Ici,
Je suis ici-
La neige qui tombe
Divers auteurs
Confiné dans les portes
Un prêtre se réchauffe
En brûlant une statue de Bouddha.
– Natsume Soseki
Puits d’hiver:
Un seau
de lumière d’étoiles.
– Horiuchi Toshimi
Au solstice d’hiver
Le soleil imprègne le firmament
de la province montagneuse.
– Iida Dakotsu
Voir la rivière couler
En une longue ligne ininterrompue
Sur le champ de neige.
– Boncho
Flocons scintillants:
Le vent se brise
Lumière de lune gelée.
– Horiuchi Toshimi