Podcast : Jouer dans une nouvelle fenêtre | Télécharger (Durée : 42:18 – 38,7MB)
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Frau Perchta, parfois connue sous le nom de « Belly-Slitter » pour la punition caractéristique qu’elle est censée infliger aux enfants désobéissants ou paresseux, est une figure du folklore alpin d’Autriche et d’Allemagne à bien des égards similaire au Krampus.
« Perchta » n’est qu’une orthographe ou un nom pour cette figure, qui peut aussi s’appeler Pehrta, Berchte, Berta, et une myriade d’autres noms. Une très bonne représentation du personnage, une gravure sur bois de 1750, l’identifie comme la « Butzen-Bercht », le mot « Butzen » provenant d’un mot signifiant « croquemitaine ». Ce mot apparaît également dans une chanson et un jeu classique pour enfants allemands du 19e siècle, « Es Tanzt Ein Bi-Ba Butzemann », ou « Un croquemitaine danse », dont nous entendons un extrait au début de l’émission.
La gravure sur bois en question représente un personnage ressemblant à un crâne, au nez dégoulinant et verruqueux, qui porte sur son dos un panier rempli d’enfants hurlants, tous des filles. Elle se tient devant la porte ouverte d’une maison où d’autres filles crient, et tient un bâton à dents d’apparence dangereuse ainsi qu’une quenouille, le bâton utilisé pour tenir les fibres qui seront filées en laine ou en lin sur un rouet. L’importance de l’illustration réside dans la manière dont elle souligne le lien entre Perchta et le filage, ainsi qu’avec les femmes de la maison chargées de cette tâche. La gravure sur bois comporte également du texte détaillant délicieusement une série de menaces horribles proférées par Perchta, lues de façon dramatique par Mrs. Karswell.
Le nom de Perchta il vient de son association avec l’Épiphanie ou la Douzième Nuit, le 6 janvier, le dernier des « Douze Jours » ou nuits de Noël, la « Saison hantée », dont nous avons parlé l’année dernière dans notre épisode de ce nom. « Perchta » est une corruption du mot giberahta dans le terme vieux haut allemand pour l’Épiphanie, « giberahta naht », qui signifie, la « nuit de l’éclat ou de la manifestation.
Maintenant, il y a un autre nom que beaucoup d’entre vous auront rencontré si vous avez lu sur Perchta : Perchten, des personnages très similaires au Krampus. (Perchten est pluriel, le singulier est Percht.)
Si la première mention de Perchta apparaît vers 1200, le mot « Perchten » n’est employé que des siècles plus tard. En 1468, il apparaît une référence à sa suite, mais ses membres ne sont pas appelés Perchten, et ne ressemblent pas explicitement aux Perchten tels que nous les concevons aujourd’hui. À ce stade de la mythologie de Perchta, la compagnie qu’elle dirige est le plus souvent comprise comme les esprits des défunts. Avec le temps et les fréquentes attaques en chaire, la compagnie païenne de Perchta a fini par être crainte non pas comme des fantômes mais comme des démons, quelque chose de vraisemblablement plus proche des figures à cornes que nous connaissons aujourd’hui. Au 15e siècle, une tradition impliquant des processions ou des apparitions costumées de ces personnages s’est développée. La toute première illustration que nous ayons de Perchta semble montrer non pas le personnage lui-même, mais en fait un masqueur se faisant passer pour « Percht au nez de fer ». Elle apparaît dans l’ouvrage Die Pluemen der Tugent (« Les fleurs de la vertu »), publié en 1411 par le poète sud-tyrolien Hans Vintler.
Ce nez en forme de bec de Perchta peut être lié au lien ancien du personnage avec le strix classique (pluriel striges) qui apparaît dans les textes grecs et latins. Le strix est un oiseau de mauvais augure, souvent considéré comme un hibou, qui rendait visite aux humains la nuit pour se nourrir de sang et de chair. Des représentations de Perchta ou des Perchten ressemblant à des oiseaux apparaissent dans les figures Schnabelperchten (« Perchten à bec ») qui apparaissent dans la ville de Rauris, en Autriche.
En plus de Perchta menaçant d’ouvrir le ventre des désobéissants, on dit parfois qu’elle piétine ceux qui l’offensent. Dans certaines régions, c’est la Stempe, ou la Trempe (des mots allemands pour « timbre » ou « piétinement ») qui apparaît pour effrayer les désobéissants lors de la Twelfth Night. Un poème médiéval, faisant allusion au terrible Stempe, un cité dans la Deutsche Mythologie de Grimm, est lu par Mme Karswell.
Une façon d’éviter la colère de Perctha était de préparer certains aliments, en particulier une bouillie appelée Perchtenmilch, qui serait partiellement consommée par la famille le jour de la Douzième Nuit, une partie étant mise de côté comme offrande à la Perchten. Certains signes, indiquant que la bouillie avait été appréciée par les esprits voyageant dans la nuit, pouvaient fournir des présages pour l’année à venir. Mme Karswell lit un récit autrichien de 1900 qui les détaille.
Cette coutume d’omettre les offrandes cette nuit-là était fréquemment condamnée par le clergé en Autriche et en Allemagne, et nous entendons une pratique similaire impliquant les « Bienheureux » suisses (sälïgen Lütt) tournée en dérision dans un récit du XVIIe siècle de Renward Cysat, un greffier municipal de Lucerne.
Les morts qui accompagnent Perchta et consomment ces offrandes sont dans de nombreux contes appelés les Heimchen, les esprits des enfants qui n’ont pas reçu le baptême. Plusieurs contes de Perchta et de ses Heimchen tirés de la Deutsche Mythologie de Jacob Grimm sont racontés.
Notre épisode se termine en examinant un lien particulier entre Perchta et la figure anglaise et américaine bien-aimée de la Mère l’Oie.