L’anémie ferriprive est la forme la plus courante d’anémie.1 Le fer joue un rôle clé dans la production d’hémoglobine (Hb) dans les globules rouges, ce qui permet à ces derniers de transporter efficacement l’oxygène vers les tissus de l’organisme.1,2 L’anémie résultant d’une carence en fer peut provoquer de la fatigue, de la faiblesse et un essoufflement.2 Si elle n’est pas traitée, l’anémie ferriprive peut devenir grave et entraîner des problèmes cardiaques, notamment un rythme cardiaque rapide ou irrégulier, qui peut ensuite conduire à une hypertrophie du cœur ou à une insuffisance cardiaque2.
L’anémie ferriprive est plus fréquente chez les femmes ayant des cycles menstruels abondants, les femmes enceintes, allaitantes ou ayant récemment accouché, les personnes ayant subi une intervention chirurgicale ou un traumatisme physique, les personnes souffrant d’ulcères gastroduodénaux ou de maladies gastro-intestinales, notamment la maladie cœliaque, la colite ulcéreuse ou la maladie de Crohn, ainsi que les végétariens et les autres personnes dont le régime alimentaire exclut les aliments riches en fer3. Les patients qui prennent des anticoagulants et ceux qui souffrent d’insuffisance rénale, en particulier ceux qui sont sous dialyse, présentent un risque accru d’anémie ferriprive.4
Même si la cause de la carence en fer peut être identifiée et traitée, il est généralement nécessaire de traiter le patient avec du fer médicinal jusqu’à ce que la carence soit corrigée et que les taux de fer de l’organisme soient rétablis.3 Les traitements comprennent la thérapie ferrique orale et la thérapie ferrique intraveineuse (IV). La thérapie ferrique IV peut être nécessaire pour traiter l’anémie ferriprive chez les patients qui présentent une grave carence en fer ou des pertes sanguines chroniques, ceux qui ne peuvent pas tolérer le fer oral, ceux qui n’absorbent pas bien le fer, les patients qui souffrent d’insuffisance rénale (en particulier ceux qui sont sous dialyse) ou ceux qui reçoivent un supplément d’érythropoïétine3,4.
Le fer IV est disponible dans un certain nombre de préparations, notamment le fer dextran (formulations de haut et de bas poids moléculaire), le sucrose de fer, le gluconate ferrique, le ferumoxytol et le carboxymaltose ferrique9,10. Il a été démontré que le traitement ferrique IV augmente le taux d’Hb et reconstitue les réserves de fer.11 En tant qu’adjuvant au traitement par agent stimulant l’érythropoïèse (ASE), le traitement ferrique IV est devenu la pierre angulaire de l’optimisation du taux d’Hb et de la réduction des besoins en ASE.9 En fait, il a été démontré que la supplémentation en fer par voie intraveineuse réduisait l’utilisation des ASE de 19 % à 70 %.12
Une analyse économique des bénéficiaires de Medicare atteints d’une IRC de stade 3 ou 4 et d’anémie a montré que les patients qui n’étaient pas traités avec du fer par voie intraveineuse ou avec des ASE présentaient des taux d’hospitalisation, d’admission dans un établissement de soins spécialisés et de mortalité significativement plus élevés que les patients qui recevaient un traitement avec du fer par voie intraveineuse ou un ASE.8 De plus, les coûts totaux des soins de santé étaient plus élevés pour les patients qui n’ont pas reçu de fer IV ou d’ASE.8 Dans l’année suivant le trimestre d’indexation, les patients atteints d’IRC et d’anémie qui n’ont pas reçu de fer IV ou d’ASE au cours du trimestre d’indexation ont encouru des coûts de soins de santé toutes causes confondues significativement plus élevés.
En juillet 2013, l’injection de carboxymaltose ferrique (Injectafer ; American Regent) a été approuvée par la Food and Drug Administration (FDA) américaine pour le traitement de l’anémie ferriprive chez les patients adultes ayant une réponse insatisfaisante au fer oral ou qui sont intolérants au fer oral et chez les patients adultes qui présentent une IRC non dialysée10,13.
Injectafer est le premier traitement ferrique intraveineux à base de nonxtrane à recevoir l’approbation de la FDA pour le traitement de l’anémie ferriprive chez un groupe diversifié de patients atteints de cette affection, quelle qu’en soit la cause sous-jacente14.
Mécanisme d’action
Le carboxymaltose ferrique est un hydroxyde de fer (III) colloïdal en complexe avec le carboxymaltose, un polymère glucidique qui libère du fer.13
Dosage
Le carboxymaltose ferrique est disponible sous forme de flacon à usage unique de 750 mg de fer/15 ml. Pour les patients pesant 50 kg (110 lb) ou plus, le carboxymaltose ferrique est administré en 2 doses, séparées d’au moins 7 jours. Chaque dose est administrée à raison de 750 mg, soit une dose totale cumulée de 1500 mg de fer par cure. Pour les patients pesant moins de 50 kg (110 lb), le carboxymaltose ferrique est administré en 2 doses, séparées d’au moins 7 jours ; chaque dose est administrée à raison de 15 mg par kilogramme de poids corporel.13
Le traitement par le carboxymaltose ferrique peut être répété si l’anémie ferriprive réapparaît13.
Études cliniques
L’innocuité et l’efficacité du carboxymaltose ferrique injectable ont été évaluées chez 1775 patients atteints d’anémie ferriprive dans le cadre de 2 essais cliniques randomisés, ouverts et contrôlés (essai 1 et essai 2). Dans les deux études, le carboxymaltose ferrique a été administré à une dose de 15 mg par kilogramme de poids corporel, jusqu’à une dose unique maximale de 750 mg de fer en 2 occasions, séparées par au moins 7 jours, jusqu’à une dose cumulée de 1500 mg de fer13.
Essai 1 : Anémie ferriprive chez les patients intolérants ou ayant une réponse insatisfaisante au fer oral
L’essai 1 était une étude clinique randomisée, ouverte et contrôlée de patients souffrant d’anémie ferriprive ayant une réponse insatisfaisante au fer oral (cohorte 1) ou intolérants au fer oral (cohorte 2) pendant la période de rodage de 14 jours du fer oral. Les critères d’inclusion avant la randomisation comprenaient une Hb <12 g/dL, une ferritine ≤100 ng/mL, ou une ferritine ≤300 ng/mL lorsque la saturation de la transferrine était ≤30%. Les patients de la cohorte 1 ont été randomisés pour recevoir du carboxymaltose ferrique ou du fer oral pendant 14 jours supplémentaires. Les patients de la cohorte 2 ont été randomisés pour recevoir du carboxymaltose ferrique ou un autre fer IV selon la norme de soins (90 % des patients ont reçu du sucrose de fer).13
Dans cette étude, l’âge moyen des patients était de 43 ans (fourchette, 18-94 ans). Les principales étiologies de l’anémie ferriprive étaient les saignements utérins abondants (47 %) et les troubles gastro-intestinaux (17 %).
Le tableau 2 présente la variation de l’Hb entre la valeur de base et la valeur la plus élevée au jour 35 ou selon le moment de l’intervention. Au jour 35, les patients recevant du carboxymaltose ferrique ont montré une augmentation par rapport à la ligne de base de la ferritine moyenne (264,2 ± 224,2 ng/mL dans la cohorte 1 et 218,2 ± 211,4 ng/mL dans la cohorte 2) ainsi que de la saturation de la transferrine (13 % ± 16 % dans la cohorte 1 et 20 % ± 15 % dans la cohorte 2).13
Essai 2 : Anémie ferriprive chez les patients atteints d’IRC non dialysés
L’essai 2 était une étude clinique randomisée, ouverte et contrôlée chez des patients atteints d’IRC non dialysés. Les critères d’inclusion comprenaient une Hb ≤11,5 g/dL, une ferritine ≤100 ng/mL, ou une ferritine ≤300 ng/mL lorsque la saturation de la transferrine était ≤30%. Les patients de l’étude ont été randomisés pour recevoir une injection de carboxymaltose ferrique ou une injection de saccharose ferrique, USP (Venofer).13
L’âge moyen des patients de cette étude était de 67 ans (fourchette, 19-96 ans).
Les valeurs de base et la variation de l’Hb entre les valeurs de base et la valeur la plus élevée entre les valeurs de base et le jour 56 ou le moment de l’intervention sont présentées dans le tableau 3. Au jour 56, les patients traités par carboxymaltose ferrique ont montré des augmentations par rapport à la ligne de base de la ferritine moyenne (734,7 ± 337,8 ng/mL), et de la saturation de la transferrine (30% ± 17%).13
Réactions indésirables
Dans les 2 essais cliniques randomisés, un total de 1775 patients ont été exposés au carboxymaltose ferrique injectable, à une dose de 15 mg/kg de poids corporel, et jusqu’à une dose unique maximale de 750 mg de fer en 2 occasions, séparées par au moins 7 jours, pour une dose cumulée de 1500 mg de fer.
Les effets indésirables rapportés par ≥1% des patients sont présentés dans le tableau 4.
Les effets indésirables les plus fréquents (≥2%) associés au carboxymaltose ferrique sont les nausées, l’hypertension, les bouffées vasomotrices, l’hypophosphatémie et les vertiges.13
Avertissement et précautions
Des études formelles d’interactions médicamenteuses n’ont pas été réalisées avec le carboxymaltose ferrique.13
Contra-indications. Le carboxymaltose ferrique est contre-indiqué chez les patients présentant une hypersensibilité au carboxymaltose ferrique ou à l’un de ses composants inactifs.13
Réactions d’hypersensibilité. Des réactions d’hypersensibilité graves, y compris des réactions de type anaphylactique, dont certaines ont mis en jeu le pronostic vital et ont été fatales, ont été rapportées chez des patients recevant du carboxymaltose ferrique. Les patients peuvent présenter un choc, une hypotension cliniquement significative, une perte de conscience et/ou un effondrement. Les patients doivent être surveillés pour détecter les signes et symptômes d’hypersensibilité pendant et après l’administration de carboxymaltose ferrique pendant au moins 30 minutes et jusqu’à ce que l’état clinique soit stable après la fin de la perfusion. Le carboxymaltose ferrique ne doit être administré que lorsque du personnel et des thérapies sont immédiatement disponibles pour le traitement de réactions d’hypersensibilité graves.13
Hypertension. Une hypertension a été rapportée chez 3,8 % des patients dans 2 essais cliniques. Des élévations transitoires de la pression artérielle systolique, parfois accompagnées de bouffées vasomotrices, de vertiges ou de nausées, ont été observées chez 6 % des patients dans ces 2 études. Ces élévations sont généralement survenues immédiatement après l’administration du médicament et ont disparu dans les 30 minutes. Les patients doivent être surveillés pour détecter les signes et symptômes d’hypertension après chaque injection de carboxymaltose ferrique.13
Modifications des tests de laboratoire. Dans les 24 heures suivant l’administration de carboxymaltose ferrique, les tests de laboratoire peuvent surestimer le fer sérique et le fer lié à la transferrine en mesurant également le fer dans le carboxymaltose ferrique.13
Mères allaitantes. La prudence est de mise lors de l’administration de carboxymaltose ferrique à une femme qui allaite.13
Grossesse. Des études adéquates et bien contrôlées n’ont pas été menées chez la femme enceinte. Le carboxymaltose ferrique ne doit être utilisé pendant la grossesse que si son bénéfice potentiel justifie le risque potentiel pour le fœtus.
Utilisation pédiatrique. La sécurité et l’efficacité du carboxymaltose ferrique n’ont pas été établies chez les patients pédiatriques13.
Conclusion
L’approbation par la FDA d’Injectafer, un traitement à base de fer ne contenant pas de dextran, fournit une nouvelle option de traitement IV pour les patients souffrant d’anémie ferriprive qui ne peuvent pas utiliser le fer oral, ceux qui ont une réponse insatisfaisante à celui-ci, ou ceux qui ont une IRC non dialysée.
L’approbation par la FDA de l’injection de carboxymaltose ferrique était basée sur 2 grandes études cliniques contrôlées et randomisées portant sur plus de 3500 patients (dont 1775 ont été traités par injection de carboxymaltose ferrique). Les effets indésirables les plus fréquents (≥2%) associés au carboxymaltose ferrique sont les nausées, l’hypertension, les bouffées vasomotrices, l’hypophosphatémie et les vertiges.
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