Thomas Fowler (1869) énonce le paradoxe comme suit : » Épiménide le Crétois dit : » que tous les Crétois sont des menteurs « , mais Épiménide est lui-même un Crétois ; il est donc lui-même un menteur. Mais s’il est menteur, ce qu’il dit est faux, et par conséquent, les Crétois sont véridiques ; mais Epiménide est Crétois, et donc ce qu’il dit est vrai ; en disant que les Crétois sont menteurs, Epiménide est lui-même menteur, et ce qu’il dit est faux. Ainsi, nous pouvons continuer à prouver alternativement qu’Epiménide et les Crétois sont vrais et faux. »
Le paradoxe d’Epiménide sous cette forme, cependant, peut être résolu. Il y a deux possibilités : il est soit vrai, soit faux. Premièrement, supposons qu’elle soit vraie, mais alors Épiménide, étant crétois, serait un menteur, et en faisant l’hypothèse que les menteurs ne font que des déclarations fausses, la déclaration est fausse. Ainsi, supposer que l’affirmation est vraie nous amène à conclure que l’affirmation est fausse. Il s’agit d’une contradiction, donc l’option selon laquelle la déclaration est vraie n’est pas possible. Il reste donc la deuxième option : qu’elle soit fausse.
Si nous supposons que l’énoncé est faux et qu’Épiménide ment en disant que tous les Crétois sont des menteurs, alors il doit exister au moins un Crétois qui est honnête. Cela ne conduit pas à une contradiction puisqu’il n’est pas nécessaire que ce Crétois soit Epiménide. Cela signifie qu’Épiménide peut dire la fausse affirmation que tous les Crétois sont des menteurs tout en connaissant au moins un Crétois honnête et en mentant sur ce Crétois particulier. Donc, à partir de l’hypothèse que l’affirmation est fausse, il ne s’ensuit pas que l’affirmation est vraie. Nous pouvons donc éviter un paradoxe en considérant l’affirmation « tous les Crétois sont des menteurs » comme une affirmation fausse, qui est faite par un Crétois menteur, Epiménide. L’erreur commise par Thomas Fowler (et beaucoup d’autres personnes) ci-dessus est de penser que la négation de « tous les Crétois sont des menteurs » est « tous les Crétois sont honnêtes » (un paradoxe) alors qu’en fait la négation est « il existe un Crétois qui est honnête », ou « tous les Crétois ne sont pas des menteurs ». Le paradoxe d’Epiménide peut être légèrement modifié de manière à ne pas permettre le type de solution décrit ci-dessus, comme c’était le cas dans le premier paradoxe d’Eubulides, mais à conduire à une auto-contradiction non évitable. Les versions paradoxales du problème d’Épiménide sont étroitement liées à une classe de problèmes logiques plus difficiles, notamment le paradoxe du menteur, le paradoxe socratique et le paradoxe de Burali-Forti, qui ont tous l’autoréférence en commun avec Épiménide. Le paradoxe d’Epiménide est généralement classé comme une variation du paradoxe du menteur, et parfois les deux ne sont pas distingués. L’étude de l’autoréférence a conduit à d’importants développements en logique et en mathématiques au XXe siècle.
En d’autres termes, ce n’est pas un paradoxe une fois que l’on réalise que « Tous les Crétois sont des menteurs » étant faux signifie seulement « Tous les Crétois ne sont pas des menteurs » au lieu de l’hypothèse que « Tous les Crétois sont honnêtes ».
Peut-être mieux dit, pour que « Tous les Crétois sont des menteurs » soit un énoncé vrai, cela ne signifie pas que tous les Crétois doivent mentir tout le temps. En fait, les Crétois pourraient dire la vérité assez souvent, tout en étant tous menteurs dans le sens où les menteurs sont des personnes enclines à la tromperie pour un gain malhonnête. Considérant que « Tous les Crétois sont des menteurs » n’a été considéré comme un paradoxe que depuis le 19ème siècle, cela semble résoudre le prétendu paradoxe. Si « tous les Crétois sont des menteurs permanents » est effectivement vrai, alors demander à un Crétois s’il est honnête susciterait toujours la réponse malhonnête « oui ». On peut donc soutenir que la proposition originale n’est pas tant paradoxale qu’invalide.
Une lecture contextuelle de la contradiction peut également fournir une réponse au paradoxe. La phrase originale, « Les Crétois, toujours menteurs, bêtes malfaisantes, ventres oisifs ! » affirme non pas un paradoxe intrinsèque, mais plutôt une opinion d’Épiménide sur les Crétois. Un stéréotype de son peuple qui ne se veut pas une déclaration absolue sur le peuple dans son ensemble. Il s’agit plutôt d’une affirmation sur leur position concernant leurs croyances religieuses et leurs attitudes socioculturelles. Dans le contexte de son poème, la phrase est spécifique à une certaine croyance, un contexte que Callimaque répète dans son poème sur Zeus. En outre, une réponse plus poignante au paradoxe est simplement qu’être un menteur, c’est énoncer des mensonges, rien dans la déclaration n’affirme que tout ce qui est dit est faux, mais plutôt qu’ils mentent « toujours ». Ce n’est pas une déclaration absolue de fait et donc nous ne pouvons pas conclure qu’il y a une vraie contradiction faite par Epimenides avec cette déclaration.