Tumeur cérébrale présentant des symptômes psychiatriques

À la rédaction : Les tumeurs cérébrales peuvent présenter de multiples symptômes psychiatriques, tels que la dépression, les troubles anxieux, les attaques de panique, le changement de personnalité, l’aboulie, les hallucinations auditives et visuelles, la manie ou les difficultés de mémoire. Dans la présente étude, nous discutons du cas d’un homme de 50 ans qui a été traité pendant 7 ans pour des troubles anxieux et une dépression mais qui n’a pas répondu au traitement. À cette période, il n’a pas développé de signes ou de symptômes neurologiques majeurs. Lorsqu’il s’est plaint de maux de tête, il a été examiné par un neurologue et des examens IRM ont été réalisés. Les IRM du cerveau ont révélé une tumeur gliale dans le lobe temporal gauche, et il a subi un traitement chirurgical et a ensuite reçu une chimiothérapie et une radiothérapie.

Nous concluons que les tumeurs cérébrales peuvent être neurologiquement silencieuses et ne présenter que des symptômes psychiatriques. Par conséquent, nous soulignons la nécessité d’effectuer des études d’imagerie cérébrale chez un patient présentant une résistance aux médicaments psychiatriques et ne présentant pas de signes ou de symptômes neurologiques.

Rapport de cas

Au cours des 7 années précédentes, un homme de 50 ans avait été traité à plusieurs reprises dans différents services psychiatriques pour des troubles dépressifs et anxieux récurrents. Il a poursuivi une psychothérapie individuelle avec son psychologue et a été essayé sur plusieurs agents psychotropes, avec une réponse faible. Ses symptômes ne se sont pas améliorés. Après sa dernière visite, on lui a prescrit de la paroxétine 30 mg/jour et de la mirtazapine 30 mg/jour. Lorsqu’il s’est plaint de maux de tête persistants, il a été adressé à un neurologue, et son examen neurologique n’a montré aucun signe anormal ; des IRM ont alors été réalisées. Une IRM cérébrale avec prise de contraste a révélé une tumeur gliale dans le lobe temporal gauche, impliquant les structures limbiques et la partie antérieure du corps calleux (Figure 1). Le patient a subi une craniotomie ostéoplastique, avec résection partielle de la masse. L’histopathologie a confirmé un astrocytome anaplasique de grade III. Il a subi une chimiothérapie et une radiothérapie, et son état s’est amélioré.

FIGURE 1. Tumeur dans le lobe temporal gauche impliquant les structures limbiques et la partie antérieure du corps calleux vue dans les sections axiales et coronales de l’IRM cérébrale avec et sans contraste

Discussion

Les tumeurs cérébrales peuvent être associées à une variété de symptômes psychiatriques, tels que des troubles anxieux, des attaques de panique, des changements de personnalité, la manie, la psychose, l’apathie/aboulie et la détérioration cognitive, sans aucun signe physique ou neurologique.1,2

Ce cas illustre la nécessité d’une évaluation rapide pour l’imagerie cérébrale lorsque les patients présentent tout symptôme psychiatrique atypique ou tout changement de l’état mental. Notre patient a été traité dans des services psychiatriques pendant 7 ans avant que la tumeur cérébrale ne soit diagnostiquée. Il n’est pas clair dans notre cas si ses symptômes psychiatriques étaient d’origine fonctionnelle ou s’ils étaient causés par la tumeur cérébrale. Il est possible qu’une IRM/tomodensitométrie avec contraste ait pu détecter la masse.3 Une évaluation neurologique approfondie est importante pour aider au diagnostic. Lorsque des tumeurs cérébrales se développent chez des patients souffrant de troubles psychiatriques établis, une anamnèse détaillée, un examen neurologique et une imagerie cérébrale deviennent essentiels, car les patients psychiatriques sont connus pour avoir des difficultés à signaler et à décrire leurs propres symptômes4. Il est recommandé que tout patient de plus de 40 ans présentant un changement de l’état neurocomportemental fasse l’objet d’une neuro-imagerie cérébrale.4 Il en va de même pour les patients présentant des présentations psychiatriques accompagnées de changements neurologiques ou neurocomportementaux spécifiques ou présentant une mauvaise réponse au traitement psychopharmacologique. Nous recommandons que toute modification de la présentation clinique des patients ayant des antécédents psychiatriques bien établis ou l’émergence de symptômes psychiatriques atypiques soit explorée plus avant par la neuro-imagerie.

Hôpital universitaire de Marmara Département de neurologie Istanbul-Turquie
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1. Moise D , Madhusoodanan S : Symptômes psychiatriques associés aux tumeurs cérébrales : une énigme clinique. CNS Spectr 2006 ; 11:28-31Crossref, Medline, Google Scholar

2. Madhusoodanan S , Danan D , Moise D : Manifestations psychiatriques des tumeurs cérébrales : implications diagnostiques. Expert Rev Neurother 2007 ; 7:343-349Crossref, Medline, Google Scholar

3. Hollister LE , Boutros N : Utilisation clinique des scanners CT et MR chez les patients psychiatriques. J Psychiatry Neurosci 1991 ; 16:194-198Medline, Google Scholar

4. Madhusoodanan S , Danan D , Brenner R , et al : Tumeur cérébrale et manifestations psychiatriques : un rapport de cas et une brève revue. Ann Clin Psychiatry 2004 ; 16:111-113Crossref, Medline, Google Scholar

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