Le mot compassion en hébreu se dit en fait au pluriel. Compassions est l’usage réel du mot. Pourquoi ? Selon Rebbitzin Esther Jungreis:
Chacun a sa propre version, sa propre interprétation, de ce que signifie « compassion ». En hébreu, cependant, il n’y a pas une telle marge de manœuvre. La Torah définit le sens à travers la racine du mot. Rachamim – le mot hébreu pour compassion – ne permet pas d’interprétation arbitraire. Le mot est dérivé de la racine du mot hébreu « rechem », matrice, nous apprenant que la façon dont une mère ressent l’enfant qu’elle porte sous son cœur constitue la compassion.
Non pas, remarquez, ce qu’elle ressent pour son fils ou sa fille mais plutôt pour ce bébé à naître qu’elle porte en elle. Autant une mère aime l’enfant qui se tient devant elle, autant il peut parfois l’irriter et même susciter la colère. Mais elle ne peut jamais être irritée par ce petit qui n’est pas encore né. Cet enfant est gardé et attendu avec joie. Et c’est là le sens de « rachamim ».
Quand on y réfléchit, le sens tel qu’il est défini ici, dans le contexte du ventre de la mère et de l’enfant, s’étend à la nation et au citoyen. Rachamim est ce dont notre nation semble manquer.
Lorsqu’il s’agit de brutalité policière, il semble que nous n’ayons pas de rachamim.
Lorsqu’il s’agit de pauvreté et de faim, il semble que nous n’ayons pas de rachamim.
Lorsqu’il s’agit de créer des emplois et de rémunérer équitablement les travailleurs, nous n’avons pas de rachamim.
Quand il s’agit de logement et d’abri, il semble que nous n’ayons pas de rachamim.
Quand il s’agit de soins de santé pour tous nos citoyens, il semble que nous n’ayons que quelques rachamim.
Rachamim est un mot commun à toutes les langues. La pitié est un concept commun à toutes les cultures.
La compassion dépend-elle de la religiosité ? Dépend-elle de la conformité à des idéaux ou à des croyances ? Est-elle conditionnelle ?
Je dis que c’est le libre arbitre. C’est la reconnaissance que nous comptons tous ; que d’une certaine manière, nous apportons tous de grandes contributions en vertu de notre participation, à quelque titre que ce soit.