Riverfront Times

'CUZ HE'S FAST.

  • ‘Cuz he’s fast.

La semaine dernière, nous avons recensé les meilleures chansons de plus de trente minutes, essentiellement une liste de bizarreries. De l’autre côté du spectre, il est rare qu’un artiste qualifie une chanson de complète avant qu’elle n’entre dans les trois chiffres du compteur de temps. Mais de grandes œuvres ont été réalisées sous la barre des soixante secondes, que ce soit par des groupes relativement normaux (voir : entrées 6 et 2), totalement fous (voir : entrées 5 et 3) ou des scientifiques fous (voir : entrées 4 et 1). Voici la liste des meilleures chansons de moins d’une minute. N’hésitez pas à ajouter vos coups de cœur dans nos commentaires, mais prenez votre temps. Pas de précipitation.

6. Green Day – The Ballad Of Wilhelm Fink The Ballad Of Wilhelm Fink by Green Day on Grooveshark

En 1999, le label punk Fat Wreck Chords a publié Short Music For Short People, une compilation de 101 groupes interprétant des chansons de trente secondes. L’absurdité de cette plateforme a donné lieu à quelques contributions humoristiques, comme l’hymne à la masturbation « Doin’ Laundry » de Nerf Herder et « Family Reunion » de Blink 182, truffée de jurons. Green Day l’emporte sur les jeunes avec « The Ballad Of Wilhelm Fink », dans lequel Billie Joe Armstrong condense en une demi-minute économique des histoires d’intrusion nocturne, de détritus, de prison, de sexe, de déception et de vin Boone’s Farm. C’est le morceau le plus développé sur Short Music, et peut-être la meilleure chose que le groupe ait sorti entre Nimrod et American Idiot.

5. The Locust – « Live From The Russian Compound » Pour un groupe comme les grinders de San Diego, The Locust, il n’est pas nécessaire d’avoir deux couplets et refrains et un pont pour faire passer le message. À l’origine, le groupe est issu de l’école des chansons courtes et du rock-choc, à quelques pas de Anal Cunt (note : je déteste taper ces deux mots). Lorsque les Locustes ont signé sur le label Anti d’Epitaph en 2003 et enregistré Plague Soundscapes, le groupe était devenu complètement différent. Le morceau phare de l’album, « Live From The Russian Compound », couvre tellement de terrain – intro blast beat, breakdown synthé gurgle, cette partie qui sonne comme Arab On Radar, la partie après qui sonne comme Arab On Radar couvrant Devo – qu’il semble beaucoup plus long que ses cinquante-neuf secondes.

4. Madvillian – « Supervillian » Supervillain par MF Doom Madvillian sur Grooveshark

Madvilliany, la collaboration désormais légendaire entre le rappeur MF Doom et le maestro du beat Madlib est entrecoupée d’interludes, de brefs collages sonores et d’autres styles variés de non-chanson. « Supervillian » est ce qui se rapproche le plus d’un morceau complet dans la catégorie des moins d’une minute de l’album, centré sur une boucle de film d’espionnage malicieuse et sur les échantillons de batterie funk de AM Radio, signature de Madlib. Il s’interrompt peut-être trop tôt, mais c’est aussi le cas des morceaux géniaux de Madlib comme « Accordian » et « Figaro ». Une trentaine de secondes de plus sur la fin donnerait une chanson plus conventionnelle, mais la valeur de relecture en serait grandement diminuée. 3. John Zorn – « Igneous Ejaculation » Igneous Ejaculation par John Zorn sur Grooveshark

Parlons-en d’emblée – c’est un titre grossier. Cela dit, il est en quelque sorte stupéfiant de constater à quel point les éclats de bruit extrêmes de l’album Naked City de John Zorn (1990) sont similaires à ceux réalisés par The Locust, Daughters et consorts une décennie plus tard. Zorn est arrivé à ce son spécifique non pas grâce au hardcore ou au métal, mais grâce au jazz d’avant-garde et au rock artistique expérimental. Les riffs punk déformés d' »Igneous » proviennent du guitariste Bill Frisell, généralement discret, et le chant de Yamatsuka Eye, de The Boredoms. Le batteur Joey Baron a joué avec Stan Getz et Dizzy Gillespie. L’histoire est intéressante, le morceau est punitif. Le grincement du saxophone alto de Zorn à treize secondes et le smash qui s’ensuit frappent plus fort que n’importe quel mosh breakdown ou dubstep bass drop. C’est un cauchemar alimenté par l’acide qui se déroule dans une bande dessinée de Dick Tracy. Ne vous inquiétez pas, car tout sera bientôt terminé.

2. The White Stripes – « Little Room » Little Room by The White Stripes on Grooveshark

Jack White est un guitar hero des temps modernes, mais ses phrases floues sont absentes de « Little Room ». L’œuf d’une chanson de White Blood Cells (qui reste le meilleur disque du groupe, désolé pour les fans d’Elephant) fait la part belle au rythme fulgurant de Meg White, une femme des cavernes, et à la technique vocale bizarre de Jack. Le plus impressionnant, c’est que Jack utilise un dispositif thématique de blues qui dépend de la répétition, fait passer le personnage sans nom d’une petite pièce exiguë à une pièce trop grande et vice-versa, avec du temps à perdre pour deux couplets d’onomatopées. Même pour un groupe aussi minimal, « Little Room » est le squelette d’une chanson. C’est peut-être tout ce qui reste après l’intense dégraissage qui a rendu les White Stripes si efficaces.

1. Animal Collective – « College » College by Animal Collective on Grooveshark

La première moitié de « College » est magnifique, toute en harmonies estivales et en ambiance forestière. Le seul texte de la chanson : le  » You don’t have to go to college « , non approuvé par les parents, est sublime lorsqu’il sonne comme s’il était chanté par un quatuor de barbiers composé de quatre Brian Wilson. Sung Tongs est le premier grand disque d’Animal Collective, mais « College » est le seul morceau qui soit totalement amical. Il est étrange de constater à quel point il est réconfortant de voir Animal Collective vous donner la permission d’abandonner vos études ; on dirait une main posée sur l’épaule de vos vingt ans en conflit. « College » est la meilleure chanson de moins d’une minute car elle a un arc défini, une ouverture et un point culminant. Mais surtout, elle utilise sa brève existence pour apporter de la joie d’une manière qui transcende l’analyse intellectuelle. En l’absence d’un meilleur jargon, elle est tout simplement juste.

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