Journal de campagne : la beauté et l’abeille orchidée

Je pousse la bêche sous la rosette soignée de feuilles, en essayant soigneusement de ne pas castrer la plante. Castrer peut sembler un choix de mot étrange, je ne fais après tout que déterrer une plante pour la déplacer, mais cachés dans le sol, sous cet éventail de verdure digne d’un jardin d’Eden, il y a deux tubercules ovales, et ils ressemblent à des testicules.

J’arrache la plante du sol et la retourne. Un tubercule est légèrement plus mou et ratatiné – c’est celui qui a produit la croissance de l’année dernière, tandis que le second, un peu plus gros et de couleur plus claire, alimente le développement de la tige et des fleurs maintenant. Je comprends pourquoi les orchidées tirent leur nom du mot grec orkhis, qui signifie testicule.

Il y a une cinquantaine d’orchidées abeilles, Ophrys apifera, ici, qui poussent à côté d’un hangar à charrettes délabré et j’aide à les déterrer pour les sauver. Après de nombreuses années d’effritement, le sort du bâtiment a été scellé par les récents vents violents, et il doit être remplacé. Pour éviter que ces plantes ne soient détruites dans le processus, elles seront relocalisées. Pour l’instant, les feuilles vertes ne ressemblent pas à grand-chose, mais en juin ou juillet, les fleurs rose velouté seront chacune ornées de ce qui ressemble à une abeille brune et jaune à fourrure.

J’ai commencé par les testicules, et je vais continuer mon thème, car les orchidées sont toutes liées au sexe, et l’orchidée abeille particulièrement. Cette pseudo-abeille sur chaque fleur libère une odeur qui imite une phéromone d’abeille femelle, pour attirer les abeilles mâles dans un scénario d’accouplement apparent. L’abeille mâle se couvre de pollen, qui sera ensuite transféré à une autre orchidée. L’espèce visée, l’abeille à longues cornes, se trouve aujourd’hui principalement en Méditerranée, mais l’orchidée parvient à s’autopolliniser.

Nous avons trouvé un habitat similaire, de type prairie ouverte, pour y transplanter les orchidées, non loin de leur site d’origine et avec le sol calcaire qu’elles affectionnent. Espérons qu’elles prospéreront.
Sur une note distincte, à cette époque en 2019, je m’inquiétais du retour des hirondelles sur les sites de nidification en filet de mon Tesco local. Je suis ravi de dire que ce printemps, elles reviendront vers des niches à hirondelles mises en place par le supermarché, et un accueil beaucoup plus chaleureux.

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