Lucrèce de Médicis, duchesse de Ferrare

Premières annéesEdit

Née à Florence le 14 février 1545, Lucrèce est le cinquième enfant et la troisième fille de Cosimo Ier de Médicis, duc de Florence (et depuis 1569 grand duc de Toscane), et d’Éléonore de Tolède. Ses grands-parents paternels étaient le célèbre Condottiere Giovanni delle Bande Nere et Maria Salviati (petite-fille de Laurent le Magnifique). Ses grands-parents maternels étaient Pedro Álvarez de Toledo, vice-roi de Naples, et Maria Osorio, deuxième marquise de Villafranca del Bierzo. Lucrezia fut nommée en l’honneur de son arrière-grand-mère Lucrezia de’ Medici (1470-1553) (mère de Maria Salviati).

Comme tous les enfants du couple ducal, Lucrezia reçut une bonne éducation et fut élevée dans le strict respect du cérémonial de la cour espagnole, auquel sa mère adhérait. Les filles de cette famille ne pouvaient pas quitter leur chambre sans autorisation, où seule une duègne pouvait les accompagner. En plus du père et des frères, des confesseurs âgés y étaient admis.

MariageEdit

Dès l’enfance, ses parents cherchaient pour leurs filles de dignes candidates au mariage. Au cours des années 1549-1550, il était prévu de marier Lucrezia à Don Pedro de Aragona y Cardona, 3e duc de Montalto. En 1552, elle fut fiancée à Fabio Dal Monte, neveu du pape Jules III, mais les fiançailles furent annulées après la mort du pape en 1555. En 1557, en signe de réconciliation entre Ercole II d’Este, duc de Ferrare (qui avait une position pro-française) et le roi Philippe II d’Espagne, il fut décidé qu’Alfonso d’Este, prince héréditaire de Ferrare, épouserait Marie de Médicis, la fille aînée de Cosimo Ier, un allié de l’Espagne. Cependant, Maria mourut peu après et Lucrèce prit sa place.

Le mariage entre un prince de la maison d’Este et une princesse de la maison de Médicis fut combattu par un parti pro-français à la cour du marié. Marguerite et Elisabeth, respectivement sœur et fille du roi Henri II de France, furent proposées à la cour ferraraise comme épouse du prince héréditaire. Parmi les ambassadeurs arrivés à Florence en provenance de Ferrare, qui n’avaient pas encore vu Lucrèce, des rumeurs furent délibérément répandues sur sa laideur et sa mauvaise santé. Néanmoins, le 13 avril 1558, un contrat de mariage fut signé à Pise, selon lequel une dot de 200 000 scudi d’or était donnée pour la mariée. Le 11 mai, Alessandro Fiaschi, le représentant de Ferrare, présenta une bague à Lucrezia en signe de fiançailles. Les ambassadeurs la virent alors pour la première fois et furent satisfaits de l’apparence de la princesse. Elle leur parut une fille bien élevée et vertueuse.

Alfonso d’Este entra solennellement à Florence le 18 mai 1558. Le 3 juillet, il se marie avec Lucrèce dans la chapelle du palais Pitti (ou selon une autre version dans la basilique de Santa Maria Novella), par l’évêque de Cortona, Giovan Battista di Simone Ricasoli. À la demande de sa belle-mère, le prince héréditaire de Ferrare accepte de reporter la nuit de noces jusqu’à ce que sa femme ait atteint sa maturité sexuelle. Selon un accord oral entre lui et son beau-père, auquel ils sont parvenus lors de la conclusion du contrat de mariage, trois jours après le mariage, Alfonso quitte Florence. Il se rend à la cour de France à Paris, qui lui promet de rembourser une dette souveraine de 300 000 ducats au duché de Ferrare. Lucrezia, malgré l’invitation de son beau-père à s’installer à Ferrare, à la demande de sa mère reste à Florence, pour attendre que son mari vienne la chercher.

Avec sa sœur Isabella, la nouvelle princesse héréditaire de Ferrare continue à vivre dans les chambres du Palazzo Pitti, isolée du reste du monde. Lucrezia est profondément amoureuse de son mari, mais celui-ci lui est indifférent. Les nombreuses lettres qu’elle lui adresse restent souvent sans réponse. En attendant Alfonso, elle ne mange pratiquement rien et parle peu, et chaque jour, elle prie longuement pour lui à l’office du matin. La princesse héréditaire voulait désespérément quitter les soins maternels et commencer une vie indépendante. Au bout d’un certain temps, le duc Cosimo Ier exprima son mécontentement à l’égard de son gendre qui retardait son retour pour sa femme. Ce n’est qu’après la mort du duc Ercole II le 3 octobre 1559, lorsque Alfonso est devenu duc de Ferrare, Modène et Reggio sous le nom d’Alfonso II, et que son épouse est devenue, en conséquence, duchesse consort, qu’il a quitté la France et l’a emmenée auprès de lui. Le 17 février 1560, Lucrèce entre solennellement à Ferrare.

Circonstances de la mortEdit

À Ferrare, la duchesse déjà malade passe presque tout son temps dans ses appartements. Moins d’un an après son arrivée, le 21 avril 1561, elle meurt après avoir été pendant environ un mois atteinte de fièvre, d’une perte de poids importante, d’une toux constante et d’un saignement de nez permanent. Selon le docteur Andrea Pascvali, envoyé à la duchesse par son père depuis Florence, pendant toute la maladie de Lucrèce, son mari s’est constamment intéressé à son état de santé. Une autopsie pratiquée par le même médecin révèle que la duchesse est morte d’une « fièvre putride » ; les historiens modernes pensent que sa mort a été causée par une tuberculose pulmonaire. Malgré cela, après sa mort, des rumeurs ont circulé selon lesquelles elle aurait été empoisonnée.

Lucrèce a été enterrée dans le monastère Corpus Domini, la nécropole ancestrale de la Maison d’Este à Ferrare. Son mariage avec Alphonse II n’a pas eu d’enfants et le duc, veuf, s’est marié deux autres fois : en 1565 avec l’archiduchesse Barbara d’Autriche et en 1579 avec Margherita Gonzaga. Dans les deux cas, il n’a pas eu d’enfants. À la mort d’Alphonse II, le duché de Ferrare fait partie des États pontificaux, et les duchés de Modène et de Reggio passent à son neveu Cesare d’Este, un descendant de la famille d’Este par une lignée illégitime.

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